L'extraterritorialité juridique
Via des lois comme le Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act), adopté en 2018, les États-Unis autorisent leurs autorités à exiger l'accès à des données, même lorsqu'elles sont hébergées hors du territoire américain, tant qu'elles sont détenues ou contrôlées par des entreprises américaines. Ce mécanisme crée un conflit direct avec le RGPD et remet en cause la souveraineté juridique des États.
La perte de maîtrise des infrastructures critiques
Cette dépendance se traduit par une externalisation de fonctions stratégiques à des entreprises étrangères, soumises à des législations extra-européennes. En cas de rupture géopolitique, de sanctions, ou même de décisions commerciales unilatérales de ces entreprises, les administrations pourraient perdre accès à des services essentiels, ébranlant leur capacité à assurer la continuité des missions publiques (santé, éducation, sécurité). Cela pose aussi un risque bien réel d’espionnage ou de fuites de données. Et quand il s’agit de santé, d’éducation ou de sécurité publique, peut-on vraiment prendre ce risque ?
Cybersécurité
Les cyberattaques explosent Europe selon l'ANSSI. Les rançongiciels, ou ransomware, chiffrent les données d’une organisation et exigent une rançon pour les restituer, paralysant ainsi hôpitaux, collectivités ou entreprises. Ces attaques visent directement la stabilité de nos sociétés. En cas de compromission d’un fournisseur majeur, l’impact peut être massif : indisponibilité des services publics, fuites de données médicales ou administratives, ou encore interruption de chaînes logistiques critiques. Pire encore, en cas de faille critique sur une technologie propriétaire, impossible de l’analyser, de la corriger, ou même de savoir ce qui a vraiment été compromis. On reste dans le noir. En ne maîtrisant ni les technologies, ni les données, ni les protocoles de sécurité, l’Europe s’expose à une perte de contrôle stratégique de ses infrastructures.
L'opacité algorithmique
Derrière chaque moteur de recherche ou recommandation de contenu se cachent des algorithmes opaques. Vous ne savez pas pourquoi tel résultat apparaît, ni qui a décidé qu’il était pertinent. Cette absence de transparence a des conséquences concrètes : elle rend impossible la compréhension des critères qui influencent ce que nous voyons et nous expose à des biais discriminatoires ou idéologiques invisibles. Résultat, la confiance dans les outils numérique se fragilise et le complotisme explose.
Manque de régulation
Au-delà de la technique, les plateformes ont aussi fait des choix idéologiques lourds de conséquences. Depuis l’élection de Donald Trump, les fondateurs de Meta (Zuckerberg) et X (Elon Musk) ont délibérément affaibli les mécanismes de régulation, en supprimant les outils de fact-checking au nom d'une prétendue “liberté d'expression absolue”. Cette dérégulation a permis la propagation massive de désinformation, radicalisé les débats publics et fragilisé la démocratie. Sans alternative à ces outils, nous sommes donc à la merci de leurs décisions.
Entre les tensions géopolitiques croissantes, la protection des données personnelles et la concentration des pouvoirs technologiques entre les mains de quelques acteurs non européens, l'Europe ne peut plus ignorer ces dérives.