Voici quelques éléments de nos échanges ventilés en 3 posts :
- Partie 1 : Le CMS Drupal en déclin ou transition
- Partie 2 : La fin du monolithe
- Partie 3 : La concurrence est rude
Partie 1/3 : Le CMS Drupal en perte de vitesse ?
Depuis quelques semaines, nombreux sont les articles écrits par la communauté Drupal qui suggèrent que Drupal serait "dépassé", sur le déclin. Il est toujours intéressant de revenir sur ces propos afin de les nuancer et définir si Drupal est réellement en train de mourir.
Ludovic Coullet s'est penché sur la question et nous livre son avis en trois articles.
La fête est finie
We live in a post peak Drupal world. Drupal peaked some time during the Drupal 8 development cycle. (…) DrupalCon attendances peaked in 2014, (…), core downloads have trended down since 2015. We need to accept this and talk about what it means for the future of Drupal.
Traduction : Le pic de popularité de Drupal est derrière nous. La renommée de Drupal était à son comble pendant la phase de développement de D8. Les participations aux DrupalCon ont atteint leur maximum en 2014, (…) les téléchargements du Core sont à la baisse depuis 2015. Nous devons l'accepter et discuter du futur de Drupal.
On peut déjà relativiser une telle affirmation. Les tendances sont certes à la baisse, mais le niveau reste élevé. De même, cela dépend du secteur d'activité. La part de marché de Drupal augmente au sein des entreprises de type Fortune 500 ou CAC 40, là où les solutions propriétaires se taillaient jusqu'alors la part du lion.
Mais oui, Drupal n'est plus au sommet de la vague... alors qu'il y a 2-3 ans, c'était une des solutions les plus demandées. Peut-être même d'ailleurs une technologie trop demandée pour un peu et tout et n'importe quoi, comme Wordpress un peu avant.
Drupal n'est plus la panacée. Mais est-ce parce que d'autres CMS l'ont remplacé ? Je ne le crois pas. Mais peut-être aussi et surtout que la demande a elle évolué. Si mes souvenirs sont bons, le slogan de Drupal à la sortie de la version 7 était : build you own communities. Nous étions alors en pleine vague facebook et tout devait prendre la forme d'un site communautaire. Quelques années auparavant, c'était mobile first, un peu avant tout devait être un blog et si l'on remonte un peu, tout devait prendre la forme d'un forum…
Aujourd'hui le créateur de Drupal évoque Drupal is API first, not API only comme un nouveau slogan. Ceci est très important techniquement parlant, mais si l'on prend un peu de recul c'est aussi un habillage marketing dans l'air du temps, un de plus, certainement pas le dernier.
Prenons un peu de recul, car finalement et malgré tous ces changements publicitaires, Drupal n'a pas changé. Attention, loin de moi l'idée de dire que Drupal n'a pas évolué. Mais son coeur de métier est resté le même : la gestion de contenu. Oui c'est une lapalissade. Drupal pour moi c'est avant tout :
- Un puissant système de taxonomies permettant de catégoriser ses contenus ;
- La possibilité de décrire simplement la forme et la structure des contenus à afficher sans écrire une seule ligne de code ;
- La possibilité, toujours sans développement de créer des collections de contenus et d'en choisir l'ordre d'affichage ;
- Un système complet et extensible de gestion des droits et rôles utilisateurs ;
- Un écosystème de modules additionnels.
Tout le reste est accessoire.
Une douloureuse transition de Drupal 7 à Drupal 8
Technically Drupal 8 is impressive. Unfortunately the uptake has been very slow. A factor in this slow uptake is that from a developer's perspective, Drupal 8 is a new application.
Traduction : Techniquement, Drupal 8 est impressionnant. Malheureusement son taux d'adoption a été (est ?) très lent. L'un de facteurs est que du point de vue des développeurs, Drupal 8 est un nouveau système.
Sur ce point, je ne parlerai pas à la place de ceux qui tous les jours mettent les mains dans le cambouis. Mais oui :
- Beaucoup plus Orienté Objet ;
- De nouvelles fondations (composants Symfony 2) ;
- Twig ;
- Une plus grande ouverture vers l'extérieur.
De mon point de vue, je rajouterais aussi une multiplication des outils annexes. Auparavant nous avions Drush (et nous faisions des jaloux dans la communauté des CMS PHP) et maintenant :
- Drush (toujours) ;
- Drupal Console ;
- Composer.
3 outils qui se recoupent parfois très largement et dont on ne sait plus très bien s'ils vont fusionner ou pas. J'espère que la communauté tranchera rapidement sur ce point.
Et ce n'est pas fini pauvre développeur, à toi aussi de jongler avec Node (npm, gulp, grunt, bower, sass, postcss, webpack), un peu de Ruby, pourquoi pas Docker et j'en passe.
Sans vouloir déterrer le (pas si vieux) débat sur la courbe d'apprentissage difficile de Drupal 8, c'est vrai qu'il laisse beaucoup moins ses chances à la bidouille et aux webmasters comme on disait avant… Place aux experts et à ceux qui sont assez fous ou prétentieux pour se présenter de la sorte. Ce n'est pas non plus parce que vous avez de bonnes bases avec Symfony que vous y verrez plus clair dans Drupal 8. Il faudra cumuler les 2 compétences et connaître aussi les drupalismes.
The upgrade path from Drupal 7 to 8 is another factor.
Traduction : le chemin de mise à jour de D7 à D8 est un autre facteur (de lente adoption).
Ô que oui ! D'ailleurs actuellement on est plus sur un chemin de migration que sur un chemin de mise à jour.
Comprenez : La moitié des modules que vous utilisiez ne sont pas encore portés en Drupal 8 ou au stade de version alpha et vous allez devoir faire avec ! Reprenez donc le contenu et développez le reste devant un client qui s'attend forcément à une expérience utilisateur égale ou supérieur à celle de Drupal 7. Nous en faisons l'amère expérience. Mais bon, ce fut un peu la même chose lors du passage de Drupal 6 à Drupal 7 donc c'est la vie Lili !
Et vous, que pensez-vous du déclin supposé de Drupal ? Simple effet de mode ou réelle perte de vitesse ? Dites-nous ce que vous en pensez en commentaire !
A suivre...