Concilier éco-conception et besoins métiers, Eco-Index ou RGESN : quelle approche pour votre projet Drupal ?

L’éco-conception numérique impose des arbitrages : moins d’images, moins d’animations, moins de requêtes… Mais comment concilier ces contraintes avec les besoins métiers ? Avec quels outils ? Entre le RGESN et l’Éco-Index, il est parfois difficile de s’y retrouver : faut-il privilégier la rigueur méthodologique du premier ou l’évaluation rapide du second ? Voici comment nous avons structuré notre méthodologie pour aider nos clients à faire des compromis éclairés.

Une approche pragmatique pour un numérique plus durable

Il y a deux ans nous intégrions l'éco-conception à nos méthodologies pour concevoir des solutions Drupal plus durables. Nous avons voulu nous former, adopter des outils d'évaluation et d'accompagnement, afin d’intégrer des exigences mesurables à nos cahiers des charges.

Concrètement, notre engagement s’est traduit par :

  • La diffusion en interne et l'intégration des bonnes pratiques d'éco-conception à nos standards de travail.
  • La mise en place d’une méthodologie d'éco-conception centrée sur la grille NumEcoDiag du RGESN (Référentiel Général d'Éco-Conception des Services Numériques).
  • La mise en place d’un outil d’évaluation sur les projets de nos clients : l’eco index.
  • La nomination d’une référente dédiée à la structuration de la méthodologie et à son suivi sur les projets de nos clients.
  • L’obtention d’une certification par notre référente auprès de l’INR (l’institut du Numérique Responsable), think tank émanant du Club GreentIT.
  • La sensibilisation et la formation de nos équipes et clients.

Notre méthodologie s'articule en 3 grandes étapes

  1. Atelier d’éco-conception : En début de projet numérique, notre référente sensibilise nos clients à l’éco-conception. Autour de la grille des critères du RGESN, nous les engageons à faire des arbitrages forts en faveur de l’éco-conception. Ces choix sont déterminants puisqu'ils cadreront toutes les étapes de travail suivantes du projet (conception UX/UI, développement).
  2. Transmission et suivi : Ces engagements sont transmis par notre référente aux équipes internes notamment au responsable de la conception UX/UI et au lead développeur, qui veilleront à les respecter. La référente suit l'avancée du projet et veille à la conformité au RGESN des wireframes (UX), des maquettes UI et du développement.
  3. Évaluation : Nous évaluons la solution numérique avec l’Eco-Index et la grille du RGESN, ce qui donne lieu à la rédaction d’une déclaration d’éco-conception à publier sur le site.

Entre RGESN et Eco-Index

Nous avons jusqu’à présent mentionné deux outils avec lesquels vous êtes peut-être ou peut-être pas familiers. Ils font tous les deux référence en matière d’éco-conception numérique. Ils évaluent l’éco-conception d’un service numérique et aboutissent sur une note. Ils ont pourtant leurs différences. Le RGESN repose plutôt sur une obligation de moyens (mise en œuvre des bonnes pratiques) tandis que l'éco-index est plutôt orienté résultat (mesure de l'impact environnemental du site).

Le RGESN, une matrice pour remettre en question nos choix de techniques et fonctionnels

Au-delà de la mise en place de bonnes pratiques, tout l’intérêt de l’éco-conception consiste à remettre en question nos choix techniques et fonctionnels. C’est avant tout une intention, une démarche qui doit interroger chaque parti pris au regard de leur impact environnemental. C’est bien pour ça que nous entamons nos projets web avec un atelier de cadrage basé sur la matrice du RGESN. C’est l’outil idéal pour interroger nos choix étape par étape. En effet, le RGESN est une grille de 78 critères, couvrant les 9 thématiques structurant tout projet web : stratégie, spécification, architecture, UX/UI, contenu, front-end, back-end, hébergement, algorithmie.

Comme l’éco-index, une fois la grille complétée, elle fournit une note. Pour cela, il faut indiquer si le site est “conforme” ou non à chacun des 78 critères énoncés, un processus fastidieux et complexe. La note obtenue n’est donc pas directement liée à l’environnement. Elle mesure votre effort pour mettre en place des bonnes pratiques en faveur de l’écologie.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le RGESN est un outil fourni par l'État. Il est co-piloté par la Direction interministérielle du numérique (DINUM), le Ministère de la Transition écologique, l’ADEME et l’Institut du Numérique Responsable. C’est donc un outil “officiel” qui, comme le RGAA avant lui, peut à terme devenir contraignant pour les organisations publiques et assimilées. Il nous paraît donc incontournable de s’en emparer dès aujourd'hui.

L’éco-index, un outil d’évaluation simple et rapide

Là où le RGESN présente une grille complexe pour une approche minutieuse et exhaustive, l’Eco-Index permet d’attribuer une note à son site web de A à G simplement en saisissant son URL sur le site Eco-Index

En d’autres termes c’est un outil très pratique qui permet une évaluation simple, rapide et efficace. Et rien que pour ça, l'éco-index mérite amplement ses lettres de noblesse ! Il donne une bonne idée générale de l’impact environnemental d’un produit numérique ainsi que des indicateurs environnementaux comme les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’eau associée. Dans le cadre d’une démarche d’éco-conception, ces précieux indicateurs sont votre base de départ. Après une refonte, ou des actions ciblées pour améliorer l’impact environnemental de votre site, ce sont ces KPI qu'il vous faudra monitorer.

Le calcul de votre note de l’Éco-index se base sur : 

  • Le poids des pages : influencé par les images, les vidéos, les polices, les fichiers CSS et JavaScript volumineux et non optimisés.
  • Le nombre de requêtes : influencé par l'utilisation de scripts ou services tiers trop nombreux.
  • La complexité du DOM : influencé par un nombre d'éléments HTML trop grand, l’utilisation importante de CSS JavaScript dynamique...

Gardez donc en tête qu’ici l’effort d’éco-conception n'est pas considéré. Seulement son résultat. Cela veut dire que selon la typologie de votre site, vous allez rencontrer des difficultés à obtenir une note satisfaisante. Par exemple, un site e-commerce avec de nombreuses images haute résolution et des fonctionnalités interactives pourrait obtenir une note plus basse sur l’Éco-Index comparé à un site corporate minimaliste avec peu d’images et un design épuré. Pourtant, le site e-commerce pourrait avoir mis en place des pratiques d’éco-conception avancées, comme l’optimisation des images et la réduction des requêtes serveur, qui ne sont pas pleinement reflétées dans la note finale, mais qui sont prises en compte dans le RGESN. En résumé, l'Éco-index, c'est formidable, mais ce n'est peut-être pas l'indicateur idéal pour votre projet. Ou du moins, vous faudra-t-il le compléter avec le RGESN.

Les difficultés à obtenir une bonne note à l'éco-index

Soyons honnêtes : il est aujourd’hui rare de tomber sur des sites notés A, voire B, à l’Éco-Index. D'ailleurs, le baromètre Green IT 2024 montre que la moyenne obtenue par les sites e-commerce les plus populaires et les entreprises du CAC 40 est de E. Une preuve que l’éco-conception reste encore un défi de taille.

Dans les appels d’offres, on perçoit pourtant un intérêt croissant pour l’éco-conception, avec des objectifs affichés parfois très ambitieux, comme l’obtention d’une note précise à l'Éco-index. Il nous est cependant difficile de nous engager sur un score en amont, sans avoir une vision claire de vos besoins et des compromis que vous êtes prêts à faire. C’est une contradiction à laquelle nous sommes souvent confrontés : vouloir performer sur le plan environnemental tout en conservant des éléments peu compatibles avec l’éco-conception, mais essentiels d’un point de vue métier ou marketing.

C’est exactement ce que nous essayons d’arbitrer avec nos clients lors de notre atelier de cadrage dédié à l’éco-conception. Nous questionnons vos besoins, par exemple en matière de vidéos et de services tiers, que nous encourageons à limiter autant que possible. Nous vous orientons aussi vers des pages plus courtes et épurées, ce qui implique parfois de renoncer à certains blocs moins importants. Nous privilégions les typographies dites système et les illustrations SVG, ce qui peut signifier l’abandon de la typographie de votre charte graphique – souvent plus esthétique, mais aussi plus lourde à charger.

Attention, il ne s’agit pas blâmer qui que ce soit. Nous sommes bien placés pour savoir que ces décisions ne sont pas simples : un projet web doit jongler avec de nombreuses contraintes (SEO, expérience utilisateur, accessibilité, performance, sécurité, protection des données…), qui souvent convergent, mais parfois divergent. En interne, ce sont des débats qui nous animent régulièrement.

Ce que nous voulons souligner, c’est la difficulté de fixer un objectif d’éco-conception en amont, et l'importance d'être modeste et pragmatique dans votre approche. Car vous pourriez, malgré vos bonnes intentions, vous retrouver déçus par les compromis à faire en chemin.

Nos références en éco-conception de sites Drupal

Les efforts que nous avons faits commencent à porter leurs fruits en témoignent nos derniers projets mis en production : 

  • Refonte de Jobboard de l’ANFA : un site d’emploi dédié au secteur de l’automobile, noté C sur l’Eco-Index.
  • La refonte du site Stars of Science : le site du programme TV éducatif et divertissant Stars of Sciences, diffusé dans le monde arabe et ayant obtenu la note de B.
  • Nous travaillons actuellement sur la refonte de l'écosystème de la Bibliothèque municipale de Lyon, avec l'objectif d’obtenir la note de B à l’Éco-Index.

Vers un web plus responsable et pragmatique

L’éco-conception des sites web est un défi complexe, qui exige un équilibre subtil entre performance, accessibilité et impact environnemental. Grâce au RGESN et à l’éco-index, nous avons structuré une méthodologie qui nous permet d’accompagner nos clients vers des choix plus responsables, tout en tenant compte de leurs contraintes métiers.

Toutefois, viser une note exemplaire à l’éco-index ne doit pas être une fin en soi. L’essentiel est d’adopter une approche pragmatique, en questionnant chaque décision technique et fonctionnelle à l’aune de son impact écologique. Chaque projet web est unique et nécessite des arbitrages, parfois difficiles, mais indispensables pour construire un numérique plus durable.

Nous sommes convaincus que cette transition vers un web plus sobre et responsable passe par la sensibilisation, la formation et l’engagement de toutes les parties prenantes. Les résultats obtenus sur nos récents projets montrent que ça fonctionne ! Parlons-en !